WHAT’S WRONG WITH US ? » ZUS&GABRIEL
    Musique à fond dans la voiture, cigarette au coin des lèvres, Gabriel roulait en direction d’un bar dans lequel il avait donné rendez-vous à Zus. Cela faisait déjà un petit moment qu’ils ne s’étaient pas vus ; sans doute parce que le jeune polonais tenait toujours à mettre de la distance entre eux, n’ayant toujours pas réellement oublié les rancœurs de ces derniers mois. Il n’était pas de ceux qui pardonnent facilement ou qui tendent l’autre joue, il était plus rancunier, et avait encore bien du mal à se sentir de nouveau complètement en phase avec celui qui fut son ‘petit frère’ à une époque. Une époque qui lui semblait bien lointaine, comme si des années s’étaient écoulées depuis cette période, alors que ça ne fait que quelques mois. Mais ces semaines ont eu raison de ce qu’ils partageaient autrefois, et aujourd’hui, il n’était pas certain qu’ils seraient de nouveau aussi complices. Cela semblait même être une évidence. Zus avait fait des efforts pour que ça se passe mieux, Gabriel ne le nierait jamais, mais parfois, ça ne suffisait pas. Et puis, c’était encore trop tôt. Il fallait y aller lentement, au rythme de chacun. Enfin, le polonais verra bien comment les choses se passeront aujourd’hui.

Il se gara à quelques mètres du bar. Pour un début de soirée, il n’était pas rempli et tant mieux. Il profita de la place en terrasse pour s’asseoir à une table et se commanda un verre de whisky, comme à son habitude. Et même s’il avait fumé sa clope quelques minutes plus tôt, il s’en alluma une nouvelle et patienta tranquillement, jusqu’à l’arrivée de Zus. Ils avaient des choses à se dire et le brun avait aussi des choses à annoncer au plus jeune. C’est fou comme il avait l’impression d’être comme dans les débuts, quand ils ne se connaissaient pas encore réellement et qu’ils apprenaient lentement à faire connaissance. Ça y ressemblait beaucoup. Lorsqu’il aperçu le brun, il se redressa sur sa chaise, puisqu’il avait prit ses aises, comme d’habitude, et le salua d’un hochement de tête. « Yop. » Glissa-t-il ensuite en reculant la chaise en face de lui, afin qu’il puisse s’asseoir. « Ça roule ? » Demanda le brun en tirant sur sa clope, fixant Zus durant quelques secondes.

 

WHAT’S WRONG WITH US ? » GABRIEL&ZUS
   « Salut. » Je le regarde en souriant brièvement et m’assois sur la chaise qu’il recule. « Quelle galanterie dis donc ! » Plaisanté-je. Il me demande si tout va bien mais je ne préfère pas lui dire la vérité. Il va encore penser que je me pleins ou quoi, que je me « victimise » et c’est déjà assez étonnant qu’il se soit décidé de me donner rendez-vous de lui-même pour que je gâche ça en racontant ma vie. Je dois me comporter en adulte désormais et encaisser les choses telles qu’elles me viennent.  Inutile d’en informer toute la Terre comme j’en avais l’habitude. Et puis… vu l’expérience que j’en ai eu avec Ezio, je ne préfère pas renouveler l’expérience de tout raconter, et encore moins avec Gabriel. C’est pour ces raisons que je me suis contenté d’un hochement de tête. « Et toi, ça va ? Ça m’a un peu surpris que tu veuilles me voir en fait… » Dis-je un peu gêné. Mais il est vrai que depuis toutes ses embrouilles, seul moi semblait faire des efforts pour qu’on préserve le peu d’amitié qu’il nous reste mais après, je ne vais pas me réjouir trop vite… Si ça se trouve c’est pour m’annoncer que c’est la dernière fois qu’on se voit ou je ne sais quelle autre nouvelle toute aussi gênante. Je me prépare à ne montrer pas trop de sentiment sur ce qui va suivre, je prends sur moi. J’aurais peut-être la surprise d’une bonne nouvelle on ne sait jamais. Surtout lorsqu’on parle avec Gabriel Tomaszewski. Je ne sais toujours pas vraiment ou on en est en plus. Personnellement, j’aime à croire qu’on est encore amis mais lui de son côté, ne semble pas être du même avis. Il n’y a qu’à voir le peu d’intérêt qu’il a eu à mon égard lorsque je me suis « trompé » de numéro. Il n’a pas vraiment cherché à en savoir plus, alors que j’avais besoin de lui mais je ne vais pas lui en vouloir. Certes il n’a pas cherché à savoir pourquoi il fallait que je parle à tout prix à quelqu’un en pleine nuit, mais il ne pouvait pas savoir ce qu’il en était vraiment. Peut-être s’en serait-il préoccupé dans ce cas ? Ou pas…  

 

WHAT’S WRONG WITH US ? » ZUS&GABRIEL
    Ça lui semblait tellement bizarre d’être là, avec Zus. Il ne l’avait pas vu depuis un long moment, ayant eu d’autres choses à faire et préférant faire quelques voyages, plutôt qu’être toujours à Londres où rien n’était facile, malgré les apparences. Le fantôme d’Emma planait encore sur la ville, et le jeune polonais ne s’en était toujours pas remis alors disparaître durant quelques jours lui faisait toujours du bien. Mais là, Gabriel se devait de dire les choses à celui qui a été un ami proche, lui dire lui-même les changements qui ont eu lieu dans sa vie, avant qu’il ne l’apprenne de la bouche d’autres personnes qui déformeront sans doute la vérité. Les rumeurs allaient assez vite dans le coin. Et lui, il n’était clairement pas épargné par toutes ces conneries. S’étant fait une très solide réputation à Brunel, les étudiants semblaient adorer dire tout et n’importe quoi sur le jeune homme. Il devait être une source inépuisable de rumeurs. Après tout, on pouvait bien lui mettre toutes les conneries et toutes les horreurs sur le dos ; rien ne semblait impossible avec lui.

Il lui demanda finalement si il allait bien, le brun hocha simplement la tête sans répondre. Un point qui fit tiquer le polonais. Lorsqu’il allait vraiment bien, Zus le disait, de manière générale. Même s’ils n’étaient plus aussi proches qu’avant, il connaissait ses habitudes. « Ça va. » Répondit-il simplement avant de boire une gorgée de whisky. « Je me suis dis qu’il fallait qu’on se parle. » Chose qu’il ne faisait pas beaucoup ces derniers temps. À chaque fois qu’ils s’étaient vu, Gabriel n’avait pas mit énormément d’entrain aux échanges et ne répondait que vaguement. Il essayait, pourtant. Il essayait vraiment. Il tentait de faire comme si tout allait bien, comme si tout était normal entre eux et que rien ne clochait, sauf que ça ne fonctionnait pas. Le polonais, bien trop entier, ne pouvait pas faire semblant. Il ne l’avait jamais su. Au moins, on ne lui reprocherait jamais un quelconque manque d’honnêteté. « T’es sûr que ça va ? » Demanda-t-il finalement. Il n’avait pas envie d’aborder de suite les choses, sans savoir s’il allait vraiment bien ou s’il mentait, juste par manque d’envie de faire part de ses problèmes ou que sait-il encore. « T’as l’air crevé, comme si t’avais pas dormi depuis une éternité. » Ajouta Gabriel en penchant la tête sur le côté, son regard se fixant sur le cadet.

 

WHAT’S WRONG WITH US ? » GABRIEL&ZUS
 
« Ah ouais ? » Dis-je un arquant un sourcil. C’est bizarre cette envie tout à coup qui émane de Gabriel. Le polonais n’est pas du genre à avoir ces poussées de « talkshow ». Ça ne lui ressemble pas à vrai dire, du moins pas avec les personnes qu’il apprécie peu. « Je dois m’inquiéter d’un truc ou quoi ? Ça te ressemble pas tellement ce genre d’initiative… En fait, c’est plus mon genre de faire ça. » Surtout lorsque je repense à ses dernières semaines sans quelques nouvelles. Je me doute bien qu’il a du s’évader dans un autre pays avec Leilani mais il n’a jamais pris l’initiative de venir me voir. « Je m’y étais presque fait à l’idée qu’on ne se parle plus en fait. Mais soit, parlons alors. » Dis-je en mettant la main devant la bouche pour pousser un léger bâillement qui ne lui échappe pas. « Oui, oui ça va, ne t’en fait pas ! » Je lui souris et continue.  « Tu me connais, tu me mets devant un Walt Disney et je t’enchaine une nuit blanche à tous les regarder. Résultat, j’ai dû dormir quatre ou cinq heures je sais plus. » Je ris légèrement et pose mon dos au fond du dossier de la chaise. Je le regarde, l’air le plus naturel possible. De toute manière, on se voit si peu depuis toutes ces histoires qu’il ne pourra pas en savoir le vrai du faux. « Revenons à ce que tu voulais me dire du coup, tu m’intrigues et m’inquiètes en même temps… »

WHAT’S WRONG WITH US ? » ZUS&GABRIEL
    Il est vrai que Gabriel n’était que très rarement à l’initiative d’un « rendez-vous », surtout ces derniers mois alors il comprenait bien la surprise du plus jeune qui ne s’y attendait clairement pas. Il n’y avait pourtant rien d’inquiétant là-dedans, malgré ses quelques problèmes cardiaque, le polonais semblait être en forme et suivait plutôt bien son traitement… à quelques exceptions près. D’accord, à beaucoup d’exceptions près puisqu’il ne les prenait plus depuis un moment, se lassant toujours très vite d’une routine – et prendre des médicaments en faisait parti. Il se sentait mieux de toute manière. Son cœur ne semblait plus sur le point de lâcher. C’est juste psychologiquement que ça déconnait encore. Mais il irait bien. Il avait réussi à mettre de la distance entre ses pensées et ses sentiments après la mort de sa babcia, il y arrivait encore. Il lui fallait simplement un peu plus de temps. « Il est fort probable qu’on ne se parle plus après ça. » Glissa-t-il dans un mince sourire. Rien ne semblait impossible. Il ne savait pas comment Zus allait prendre la nouvelle. Et s’il décidait de rompre tout contact, ce n’est pas Gabriel qui ira lui courir après en pleurant. Ça le conforterait même dans toutes ces idées qui lui traversaient la tête depuis ces disputes incessantes entre eux.

Il s’inquiéta malgré tout un peu de l’état du plus jeune qui semblait plus que fatigué, mais celui-ci lui sortit une brève excuse qui ne le convainc pas réellement. « Mouais. » Souffla-t-il avant de boire une gorgée de whisky. « Si tu le dis. » Il ne le croyait pas plus que cela, mais il n’allait pas lui tirer les vers du nez s’il ne souhaitait pas lui dire la raison de sa fatigue. Lui-même ne disait jamais tout. Il ne pourrait pas en vouloir à d’autres de faire la même chose. « Y a rien de bien inquiétant, pas besoin d’t’en faire à ce propos. » Il marqua une courte pause avant de reprendre. « Je voulais juste t’apprendre certaines choses moi-même avant que les rumeurs les plus folles te parviennent. » On connaît tous des crétins qui balancent des conneries. Ils sont inutiles, mais soit. « Je me suis marié. » Lâcha-t-il simplement. Il n’avait vraiment pas besoin de préciser avec qui, cela semblait assez évident.

 

WHAT’S WRONG WITH US ? » GABRIEL&ZUS
 
« Dis toujours, au point où on en est maintenant. » Souris-je pour répondre aux sourire que Gabriel dessine en me disant ça avec presque de la froideur, me semble-t-il.

Il me questionne pour savoir si je vais bien, et ne voulant pas amené la conversation sur mon cas comme d’habitude, je lui dis que j’ai fait une nuit blanche devant des Disney ce qu’il semble croire avec plus ou moins de convictions. Je ris. « Bah je te le dis, Gabriel. Tout va bien ! » Je sens mon estomac se serrer à ces mots mais pourtant mon visage affiche un sourire radieux bien que faux. Je l’écoute ensuite avec attention pour savoir ce qu’il avait tant envie de me dire. « C’était juste ça que tu voulais me dire ? Bah félicitations écoute ! » Je lui souris. Sincèrement je me fous de ce qu’il peut bien dire, rien ne peut plus me briser que la perte de Maksim pour le moment, et si ça le rend heureux tant mieux pour lui. De toute façon ça n’est pas comme si j’avais mon mot à dire et puis m’énerver servirait à quoi de plus ? Je dois avouer que cette pensée me surprend moi-même. Je l’aurais appris le mois dernier, il est fort probable que j’aurais hurlé à la mort disant que c’était juste un connard, qu’il s’est joué de mes sentiments pour une connasse, mais aujourd’hui, ce ne sont pas les annonces d’un type qui ne donne jamais de nouvelle qui vont me toucher. « Mais tu sais, j’aime bien quand on me rapporte des rumeurs, je suis au courant de ta vie et celle des autres au moins. » Lancé-je en plaisantant. « Et c’était bien ? » Le questionné-je.  

WHAT’S WRONG WITH US ? » ZUS&GABRIEL
    « Ouais, ouais. C’est quand on insiste à mort que ça prouve qu’on mytho, mais soit. » Lâcha le brun en haussant les épaules. Il n’allait pas en faire un drame. Il n’allait pas le supplier à genoux de lui dire ce qui n’allait pas si l’autre n’en n’avait pas envie. À la place, il finit par lui dire pour son mariage et le fait qu’il préférait l’apprendre lui-même, qu’attendre que des rumeurs parviennent à ses oreilles et déforment la réalité des choses. Zus le prit bien. Tant mieux. Le jeune polonais n’aurait pas supporté une crise ou quelque chose dans le genre. Il en avait clairement marre des drama des gens. Et l’idée d’être encore face à une dramaqueen lui aurait filé la nausée, et pas qu’un peu.

Si c’était bien ? Le brun haussa les épaules et but une gorgée de whisky. Il allait répondre mais fut interrompu par le serveur qui vint prendre la commande de Zus. Et c’est seulement lorsque ce dernier fut parti que le polonais reprit la parole en sortant une nouvelle clope de son paquet. « Je suppose que ça l’était. » Il porta la cigarette à ses lèvres et l’alluma, tirant une longue taffe avant de recracher la fumée vers le ciel. « Je m’en souviens pas, en réalité. » Il ne lui restait que quelques flashs de cette fameuse soirée à Las Vegas, de l’alcool qui coulait à flots, des conneries faites et dites. Mais il ne se souvenait absolument pas de la chapelle, ni de quoique ce soit d’autre. Bordel. En étant sobre, il n’aurait jamais fait un truc pareil. « J’me serai jamais marié si j’avais été complètement clean. » Bon, c’est vrai. Mais cela ne l’a pas empêché ensuite d’officialiser cette connerie. Quitte à en faire une, autant la faire à fond. Et même encore aujourd’hui, ça le faisait bien rire.